Québec
1974 113 mins
V.O. française
Sous-titres : anglais
Thriller politique et social, BINGO raconte l’histoire d’un cégépien naïf, illusionné et amateur de photographie qui, révolté par un conflit de travail dans lequel son père est enlisé, se laisse perfidement entraîner dans un complot terroriste en kidnappant cinq hommes d’affaires alors que sa grand-mère organise une grande soirée de bingo. Comme plusieurs des productions locales de Jean-Claude Lord, les jeunes et le peuple sont victimes de la corruption généralisée et systémique, et ce, tant dans les sphères politiques que dans ses jeux de coulisses insidieux avec le monde des affaires et des communications. Le scénario s’articule autour de plusieurs trios, qu’ils soient générationnels, politiques ou idéologiques, mais oppose également le jeu stratégique (le jeu d’échecs) au jeu de hasard (le bingo) et au jeu théâtral (jouer à faire semblant).
Lord nous a malheureusement quittés en janvier 2022. Il avait été le premier récipiendaire du prix Denis-Héroux. Cette année, c’est à Pierre David, notamment producteur des films québécois de Lord, que nous remettons ce prix. BINGO se veut le premier volet d’une trilogie portant sur l’exploitation des masses. Dans les mots du cinéaste : « Comment des gens utilisent le désordre social et l’ignorance du peuple pour se faire élire, pour se protéger ou pour accroître leur pouvoir? » Cette œuvre dénonçait les actions de la droite pour discréditer la gauche. Pour ce faire, elle s’inspire du mouvement contestataire de la fin des années 60, de mai 1968, de la montée du FLQ au Québec et des événements d’octobre 1970. Le film de Lord était une des premières productions inspirées de cette crise, étant sorti quelques mois avant LES ORDRES de Michel Brault et LES ÉVÉNEMENTS D'OCTOBRE 1970 de Robin Spry. Film de son temps, il allait à sa sortie attirer plus de 500 000 spectateurs, devenant l’un des films québécois les plus populaires de son époque. Les films de la trilogie des « tireurs de cordes » ont tous trois été produits par Pierre David, à qui nous remettrons le prix Denis-Héroux avant la projection. - Marc Lamothe